Un peu de lecture

L’histoire du Lioran de 1906 à nos jours

L’histoire du Lioran de 1906 à nos jours :

texte complet sur : https://www.laveissiere.fr/histoire-du-lioran_fr.html      avec toutes les photos !

Le Lioran, l’une des stations de ski les plus anciennes en France, puisqu’on y skie depuis plus de 100 ans, a étonnamment une histoire assez simple. En effet, le développement du lieu s’est fait de manière très saccadée avec quelques « pics » de développement, et beaucoup de périodes de calme plat. Malgré tout, pour en arriver au lieu que nous connaissons aujourd’hui, de nombreuses années de travail ont été nécessaires.

Le village du Lioran a vu le jour au début du XIXe siècle, grâce à la création du tunnel routier du Lioran, avec la construction d'un bâtiment pour loger les ouvriers durant 4 ans et celle de l'auberge Bertrand accueillant les voyageurs. Le village s'est ensuite développé avec la création de la ligne ferroviaire de Figeac à Arvant et de l’hôtel de la Compagnie du
chemin de fer de Paris à Orléans grâce au tourisme et au développement des sports d'hiver.

 

L’éclipse Transmontagne

Ce terme peut paraître un peu violent au premier abord ; néanmoins, il est finalement assez représentatif de ce qui a pu se passer durant cette période, qui s’est étalée de 1993 à 2007. La fin des années 80 est marquée par le manque de neige et les déficits d’exploitation qui vont avec. L’Etat intervient et souhaite la création de groupes aptes à gérer plus efficacement les stations que les sociétés isolées ou les collectivités qui ont porté jusqu’à présent leur développement. La Compagnie des Alpes est ainsi créée en 1989, portée par le bras armé de l’Etat : la Caisse des Dépôts et Consignations. 25 ans plus tard, elle regroupe nombre des grandes stations des Alpes, comme Tignes, Val d’Isère, La Plagne, Chamonix.

Au Lioran, les saisons du début des années 90 ont été nettement déficitaires. Le Conseil Général du Cantal, propriétaire de la station, commence à songer à un nouveau type de gestion de la station qui, rappelons-le, fonctionnait depuis ses débuts ou presque grâce à une régie départementale. Le CG cherche alors un professionnel de l’exploitation des domaines skiables qui gèrerait mieux que lui-même la station. A cette fin une SAEM, Super Lioran Développement, associant public et privé, est constituée pour assurer la gestion et le développement commercial du Lioran, le Conseil Général restant quant à lui propriétaire des lieux et maître des différents investissements réalisés. Cette SAEM passe en 1993 un contrat d’opération avec la société privée Transmontagne, exploitant déjà la station de Val Fréjus ; lui délégant la charge de faire tourner le domaine et de réaliser les petits entretiens ; contrat d’une durée de 15 ans, renouvelable. Cette décision est approuvée à l’unanimité par les conseillers généraux.

La Société Anonyme Transmontagne, est une jeune société à l’époque puisque créée en 1990 et dont le siège est basé à Villeurbanne, dans le Rhône. En 1993 elle récupère Le Lioran et Pra Loup, puis par la suite le groupe se verra confier l’exploitation du funiculaire du Pic du Jer à Lourdes en 1996, de Chamrousse en 1998, de Superdévoluy en 1999, de Cap Découverte et du Ski Dôme de Dubaï en 2002, et enfin de la station de ski italienne de Bardonecchia en 2004, comportant au final 11 stations, pour un CA total de 150 MF. Dans le Cantal, elle prendra aussi la gestion de la base nautique de Gabarit et lorgnera un temps sur le Grand Site du Puy Mary, sans succès.

Transmontagne a été créée suivant le modèle de la Compagnie des Alpes (1989) mais disons toute de suite qu’elle est une pâle copie de cette dernière. Elle a comme actionnaires de référence la Caisse des Dépôts et la Lyonnaise des Eaux. Elle se contente au début d’opérer sous contrat les remontées mécaniques et dans le cas du Lioran, elle n’a pas à porter les investissements, ceux-ci restants à charge du CG.

En ce début de contrat, l’objectif est clair : améliorer la gestion et annualiser l’activité. Le nouvel opérateur rénove la communication de la station pour toucher une nouvelle clientèle en promouvant son côté nature, convivial, authentique (« Le Lioran, station grandeur nature ») et en organisant des coups médiatiques (raid IGN, trek équestre, championnat de France de VTT...). Elle agit aussi par contrats comme conseiller auprès du département et du Syndicat Mixte qui réalisent de nouveaux équipements : mise en glace vive de la patinoire, aménagement d’une halte-garderie et surtout en 1996 l’extension de l’enneigement artificiel. Une retenue de 38000m3 est creusée en 1997  en haut des Gardes. L’eau est pompée dans 4 torrents à proximité et envoyée dans la retenue. Une nouvelle usine de 420 m3/h est construite et une partie des pistes commence à être équipée d’enneigeurs basse pression.

Cependant très rapidement, les Cours Régionales des Comptes remarquent des irrégularités dans la gestion par les collectivités des contrats de Transmontagne (pour le Lioran, les contrôles ont eu lieu en 1998 et en 2006). On s’aperçoit que cette société se nourrit des collectivités locales, mais le pire sera atteint à Pra Loup et à la Foux d’Allos dans les Alpes de Haute Provence, où les relations sont quasiment mafieuses. Et elle sera même directement la cause de changement de majorité du Conseil Général de ce département en 2004.

La situation est malgré tout différente dans le Cantal : le CG est juste tancé de complaisance en passant commande de prestation additionnelle pourtant déjà incluse dans le contrat de base, et en plus sans appel d’offre.

Au début des années 2000, Transmontagne juge que son modèle d’opérateur n’est pas assez rentable. Elle s’investit alors dans la gestion d’appartements locatifs où la marge y est plus confortable. La loi Demessine, votée en 99, tombe à pic : elle propose de larges avantages fiscaux à un particulier investisseur de biens immobiliers neufs qui le loue à un professionnel touristique pendant une durée allant jusqu’à 20 ans. Transmontagne sera ce professionnel pour 2500 nouveaux appartements Demessine. Cependant, ce marché très lucratif pour tous les acteurs est rapidement sujet à toutes sortes de fraudes : les résidences se construisent en dehors de toute perspective de location, les loueurs commencent à recevoir des compensations, allant jusqu’à 20000 €, pour chaque appartement vendu (à la charge de l’acheteur qui du coup achète son appartement à une valeur bien supérieure à celle du marché) !

Pour un temps Le Lioran est épargné. Et pourtant si la station manque de lits, elle manque aussi de place pour construire de telles résidences aux pieds des pistes. Transmontagne commande alors un rapport opportun qui conclut à la nécessité de créer un cœur de station en déplaçant ou recouvrant les parkings. Suite à ce rapport, le Département commande une étude concernant la création d’un parking souterrain, qui ne sera finalement pas réalisé. Une résidence Demessine de 110 appartements sera quand même lancée fin 2005, Le grand Phénix, très mal placée en haut du Rocher du Cerf. Transmontagne attribue le marché à un promoteur qui s’avère finalement véreux et qui déposera le bilan peu après. La construction de la résidence étant pleine de malfaçons, la banque qui a garanti le bon achèvement fait faux bond. C’est un tel fiasco que même Transmontagne se retire ! Et 12 ans plus tard cette affaire n’est toujours pas réglée, l’immeuble reste inachevé et 178 propriétaires attendent toujours la livraison de leur appartement qu’ils continuent de rembourser tous les mois.

Ce ne sont que des exemples des problèmes engendrés par Transmontagne : des affaires similaires ont pu être observées dans les autres lieux gérés par la société. L’entreprise n’inspire tout simplement pas confiance trop avide de se nourrir sur les failles des partenariats public/privé.

En 2006/2007, la France est confrontée à un hiver particulièrement doux et pauvre en neige, et la station du Lioran n’est évidemment pas épargnée : elle connaîtra même plusieurs jours de fermeture totale de son domaine en plein mois de janvier pour cause de manque de neige. Cet hiver a bien évidemment eu un impact sur le chiffre d’affaires des stations françaises, qui se classe au rang du plus mauvais sur la décennie 2000-2010. Cela, plus des gestions plus que discutables, auront finalement raison de Transmontagne qui sera placée en redressement judiciaire le 17 juillet 2007. Par ailleurs, l’inquiétude se fera déjà ressentir avant cette décision au Lioran, puisque les salariés de la station n’avaient pas reçu leurs salaires du mois de juin. Une journée de grève avait même été organisée pour protester contre cela. Finalement, ces salaires sont honorés le 13 juillet. Face à cela, la SAEM Super Lioran Développement, autrement dit le Conseil Général du Cantal, reprend les choses en main, à savoir l’exploitation de la station pour la saison d’hiver 2007/2008, et ce alors que le contrat de Transmontagne était censé se finir en 2008. De toute façon, la liquidation judiciaire de la société est finalement annoncée le 22 octobre 2007, laissant derrière elle près de 17 millions d’euros de passifs !

Quoiqu’il en soit, on retiendra principalement de ces quinze années de gestion un calme plat au niveau des investissements sur le domaine skiable, mis à part pour l’extension du réseau de neige de culture. Autrement, les gros chantiers de remontées mécaniques se sont principalement résumés à deux nouvelles installations : le télésiège débrayable du Plomb du Cantal en 2001, premier appareil de ce type dans le Massif Central, et le télésiège du Remberter en 2004.

Depuis l’automne 2007, c’est donc la SAEM Super Lioran Développement qui exploite le domaine skiable ainsi que la patinoire du Lioran. La société a par ailleurs cherché à vraiment se démarquer de son prédécesseur Transmontagne. Ainsi, une nouvelle politique a été mise en place. Au quotidien, on peut le voir tout d’abord sur l’exploitation du domaine skiable : à l’époque de Transmontagne, certaines pistes n’ouvraient jamais ; on pense notamment à la majorité des pistes noires de la station (Dujon, Crêtes, Parallèle, Combe, Font d’Alagnon). Cela a même conduit à la suppression pure et simple de 3 pistes (Variante, Combe, Font d’Alagnon). Depuis que la gestion a été confiée à la SAEM, ces pistes en question ouvrent quand même plus régulièrement. En d’autres endroits, les pistes sont élargies et reprofilées ; et pour la première fois depuis 1986, un nouvel itinéraire est créé (la rouge George Bouvet qui descend du Plomb offrant une alternative au très fréquenté Pas des Alpins). D’une façon générale, le travail de SAEM sur le domaine est remarquable par rapport à la période Transmontagne.

De plus, une nouvelle politique concernant les investissements a également été mise en place, la station cherchant à retrouver son dynamisme d’antan, en faisant avancer le plan de développement sur 20 ans, adopté à l’unanimité en 2005 par le Conseil Général. Ce plan très ambitieux passe en revue tous les atouts et handicaps de la station. Le but est de transformer à terme le Lioran en « éco-station de montagne, centré sur le sport, la forme et les activités de pleine nature », été et hiver.

Les premières actions sont prises sur l’extension de ma neige de culture avec l’enneigement artificiel de la quasi-totalité des pistes du bas de la station, exception faite des pistes du Slalom, de la Nouvelle, de la Stade et du Griou. Pour ces trois dernières, l’installation de canons à neige est tout de même en projet. Mais la station manque de ressource en eau : une nouvelle retenue collinaire à côté de la Gare d’une capacité de 55000 m3 est créée en 2011 complétant les 35000 m3 de celle des Gardes. De quoi obtenir un réseau de neige de culture arrivé à maturité !

Parallèlement un travail de résolution du problème des parkings lors des périodes chargées est fait. Les déblais du tunnel sont utilisés pour créer un nouvel espace de stationnement de 500 véhicules. L’offre locative est diversifiée : un double centre de vacances VVF s’installe au Lioran. Des promoteurs privés lancent des projets de nouvelles constructions. Le Lioran « bouge » de nouveau.

Pour la saison 2013/2014, l’espace débutant est totalement revu avec l’installation pour la première fois dans le Massif Central de tapis débutants.

Cette dynamique d'investissement se poursuit en 2014 avec le remplacement du télésiège du Baguet. En effet, celui-ci, vétuste et lent, montrait déjà depuis un certain temps des signes de faiblesse évidents face à l'affluence dont il était victime. Il n'était ainsi pas rare d'attendre plus de 30 minutes en période de vacances scolaires avant de pouvoir embarquer sur l'appareil ! La décision a donc été prise de le remplacer par un télésiège débrayable à 6 places, le premier appareil de ce type dans le Massif Central ! Pour un investissement total de 5,9 M€, le Lioran a souhaité marquer le coup en dotant le télésiège de diverses options telles que le verrouillage des garde-corps en ligne ou encore le rangement des sièges en gare. Avec une vitesse en ligne plus que doublée par rapport à son prédécesseur, la montée sur cet axe a été complètement revue.

La station continue sur cette lancée avec de nouveaux gros investissements, puisque le remplacement des télésièges de Masseboeuf (2015) et de la Combe (2018) permettront au final d'obtenir un domaine skiable à la hauteur de son potentiel !